Predalia's Hive

Jeu de rôle online sur l'univers AvP. Incarnez un Alien, un Predator ou un Humain que vous ferez progresser sur différentes planètes.

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La chasse du con de Zahr-Of

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1La chasse du con de Zahr-Of Empty La chasse du con de Zahr-Of Mer 19 Aoû - 9:35

Jojo

Jojo

- Mon fils, il est temps.

Le fils, de dos à son père qui venait de faire irruption, contint sa panique derrière un visage figé quoi qu'inquiet, les yeux quelque peu écarquillés. Discrètement, il gratta du bout de ses longs doigts le dispositif situé sur son avant-bras droit afin de glaner l'heure qu'il pouvait bien être. S'il était temps, il aimait savoir le temps de quoi ; tout indice était bon à prendre. Maladroit, tremblant - son père lui faisait un certain effet - il activa malencontreusement le dispositif d'auto-destruction de son kit manuel de chasseur. C'était un ancien modèle, un de ceux qui bénéficiaient de bien peu de protections et avaient, par le passé, occasionné quelques accidents domestiques sur Yautjara. Des broutilles qui s'étaient chiffrées en milliers de morts à chaque fois.
Zahr-Of suait à grosses gouttes, cherchant frénétiquement et surtout désespérément à désactiver l'inconvenant dispositif nucléaire tactique portatif qui venait de s'enclencher. Le compte à rebours se poursuivait paisiblement et sans encombre, annonçant l'heure prochaine de son décès. Au fond, c'est peut-être de ça dont il était temps. Foutu pour foutu, dos toujours tourné à son père qui se demandait encore pourquoi sa stupide progéniture tardait à le regarder, Zahr-Of détacha son kit et le jeta à l'autre bout de la pièce avant de s'enfuir comme le lâche qu'il était. L'explosion aurait de toute manière couvert des kilomètres de terrain, le jeune Yautja avait failli à au moins paraître digne dans la mort qui venait.
La patriarche, sans chercher à comprendre, las, le regardait cavaler désespérément, mains crispées sur ses cheveux, indigne comme on n'aurait pu l'être davantage, puis il se saisit de la bombe et la désactiva en deux coups d'index. Peut-être Zahr-Of n'était-il pas prêt pour le kit de chasseur. Peut-être n'était-il pas prêt pour la chasse. Peut-être était-il né sur la mauvaise planète.

Smeern-Of était chasseur de légende. Primo inter pares, né d'une race illustre, il avait le pédigrée des grands de son monde, de ces héros à partir desquels on bricolait des chants glorieux qu'on entonnerait encore pour les siècles à venir. Il avait tout pour lui. Tout, sauf une descendance digne de lui succéder.
Car la société Yautja était tribale, la faute du fils se reportait sur le père et, n'ayant pu se résoudre à tuer son unique descendant, Smeern-Of devait prendre les devants. Son père avant lui avait été absent et il s'était imaginé que répliquer ce même modèle suffisait à éduquer un fils. Mais - et c'était à mettre sur le compte de cette nouvelle génération - Zahr-Of était devenu objecteur de conscience. Ça lui avait pris un lendemain de traque où il avait manqué d'être bouffé par la créature même qu'il poursuivait. Ce n'était pas tant pour préserver la biosphère qu'il ne remplissait pas son devoir, mais par trouille. Couvé par une mère dont il était le plus merveilleux accomplissement, sa chair et son esprits avaient été gâtés comme une viande de gibier qu'on aurait négligemment laissé pourrir en oubliant de lui couper les bourses. Des couilles, Zahr-Of n'en avait pas plus que ça, mais la viande était déjà faisandée à souhait.
Honte de sa famille et même de son espèce, son père le retrouva aplati les mains sur la tête sous une table de jardin, tremblant les fesses en l'air. Il était fils de héros et son existence seule tuait le mythe de celui-là même qui l'avait engendré. Ce dernier, d'un coup de pied, renversa la table, dévoilant son rejeton à l'air libre. Beau bébé que celui-ci puisqu'il faisait presque la taille de son père. Quand tous ceux de son âge s'enorgueillissaient déjà de trophées multiples et variés, Zahr-Of se passionnait pour ces ustensiles rapportés des proies occises. Le paternel eut du mal à se saisir de lui ; son gros marmot s'agitait comme un goret croisé avec une anguille qui, à force de gigoter pour fuir la branlée qui lui pendait au nez, lui filait sans cesse entre les doigts. Sa gorge entre les pattes de son père, décollé du sol avec une facilité déconcertante en dépit de sa large carcasse, Zahr-Of était à présent toute ouïe.

- Il est temps d'entreprendre la plus dangereuse des chasses qui soient et de te mettre à traquer..... ta future femme.

Puisque le fils était foutu - c'était en tout cas le constat le plus lucide à observer - Smeern-Of comptait sur la génération suivante pour redorer son blason et sa lignée. Et puisque sa femme n'était plus en état d'engendrer de nouveaux fils, il ne restait qu'à miser sur l'avenir pour que la gloire ne s'achève pas sur si piètre spécimen. Pari risqué que le sien.

2La chasse du con de Zahr-Of Empty Re: La chasse du con de Zahr-Of Jeu 20 Aoû - 18:03

Jojo

Jojo

Puisqu'il lui fallait décoller de tout en bas, c'est d'un coup de pied au cul aussi bien figuratif qu'effectif que Zahr-Of fut propulsé par son père ; un homme qui ne voulait que son bien. Paraît-il. Le fils ingrat dut alors faire honneur à son père indigne. La chasse n'avait jamais trop été son truc. Un mauvais paramétrage du casque-vision et on se prenait les pieds dans les ronces ou une bûche en pleine gueule. L'expérience de la chasse à la mode Yautja n'était pas si plaisante et aisée qu'elle n'y paraissait. Plus qu'une affaire de technique, c'était un art majeur. Trois jours de traque le cul dans les orties prédisposaient naturellement à la hargne et justifiaient bien qu'on décapita quelques espèces protégées pour se faire un trophée de leur crâne. Il ne fallait là, rien y voir de personnel.

Non, Zahr-Of était plus un chasseur spécialisé dans les pièges et les trappes. Plus... casanier. Autant dire qu'il n'aimait pas bouger son cul. Un peu plus gras que ses congénères, les chasses en forêt lui faisaient horreur et se retournaient contre lui. Peut-être le milieu urbain de sa propre planète lui porterait moins préjudice.

- Alors gras du bide, papa t'a mis à la rue ? Va en falloir des loutres pour l'impressionner d'ici à ce qu'il te reprenne.

Fort d'une réputation déjà bancale, Zahr-Of s'était illustré par le passé en ramenant de sa traque sur terre une loutre qu'il avait accidentellement tué. Un lot de consolation qui aura fait rire sa planète des semaines entières.
Ses deux «petits» camarades, appartenant pourtant à une race inférieure, se gaussaient du fils d'une légende. L'occasion était trop belle de rabaisser qui ils ne pouvaient tutoyer en s'en prenant à sa piètre descendance.

- Et cette fois, oublie pas tes lames pour décapiter.

- Ah le neuneu ! Hahaha, je l'avais oubliée celle-là.

Encore sur terre, il était parvenu un jour à faire un carton en s'attaquant à un spécimen humain armé. Une sorte de gendarme un peu fainéant. L'affaire s'était mal goupillée. On avait paniqué autour, Zahr-Of avait tiré inconséquemment - toujours prompt à la panique - et engendré en tout douze victimes. La plupart d'entre eux étaient désarmés. Peut-être aurait-il pu limiter l'incurie s'il avait ramené quelques trophées ne serait-ce que pour sauver l'honneur, mais il avait omis d'emporter avec lui la moindre arme blanche.
C'est bredouille qu'il était rentré chez lui, ignorant les conséquences de ses actes et n'ayant jamais su qu'après son départ, le monde entier avait grogné par réflexe pavlovien et totalitaire : «Je suis Charlie». L'incident bête.

- Qu'est-ce qu'il a encore ? Il reluque les demoiselles ? Aaaaaah... enfin... la puberté émerge. Faut dire que sous tout ce gras, elle a eu du mal à sortir.

Et les deux pitres sordides ricanaient à nouveau de leurs rires gras et perfides qu'ils avaient copié aux hommes : proies de prédilection de leur race. Réputés pour leur bon goût et leur raffinement, ils poussèrent violemment le traqueur grassouillet sur la première femelle qui passa... une fille de matriarche. On allait droit à l'incident diplomatique ; ce ne serait pas le premier que Zahr-Of occasionnerait de sa vie. Ou de la journée.

3La chasse du con de Zahr-Of Empty Re: La chasse du con de Zahr-Of Ven 21 Aoû - 15:21

Jojo

Jojo

- Mais ma parooooole, c'est quoi de ce gros porc ?

Elle ne s'y était pas trompé, Zahr-Of lui était effectivement tombé dessus avec ses trois quintaux. Elle n'était pas une petite chose fragile non plus, pas à en juger le coup de coude duquel elle l'admonesta pour son impertinence involontaire. Cela contribua à faire rire les deux zigotos en retrait. On avait les loisirs qu'on pouvait. Quand on basait sa culture entière sur la chasse, il ne fallait pas s'étonner en aval que la beaufferie régna à tous les étages, sous-sol compris. Sous-sol, car ils étaient en dessous de tout. Chez les Yautjas, la transcendance ne s'accomplissait que dans l'hostilité. Toute merveille construite ne l'était qu'à la seule fin d'assumer une lubie.

- Même pas en rêve tu me courtises dit la «demoiselle» en se passant une main sanglante dans les dreads.

Elle revenait d'une chasse et n'y avait pas été de main morte. Empêtrée de fluides divers, exception faite de celui dont Zahr-Of aurait aimé la recouvrir, elle avait bataillé contre d'immenses créatures spatiales dont elle ne pouvait rapporter que quelques étoffes tant leur crâne était trop lourde pour être seulement transporté. C'est dire si la donzelle avait un quelque chose de castrateur.
Peut-être même au sens littéral. N'étant pas femelle à considérer un incident aussi mineur à la légère, elle brandit ses griffes de chasse avec dans l'idée de l'attaquer à terre. Fille de matriarche, elle pouvait se le permettre. Derrière, deux cons s'obstinaient à en rire. On ne faisait pas grand cas des faibles sur Yautjara et la mort du gras traqueur n'aurait pas ému le plus grand nombre. Mais on intervint et une lance bloqua l'assaut griffu de justesse.

- Voâ-Of, c'est comme ça que tu espères te faire respecter ? Tous ici savons que tu ne chasses pas avec honneur. Zahr-Of à terre ici et, le Glavoar endormi hier.

Le sauveur mystère l'avait piquée au vif. Elle fulminait mais gardait ses jurons entre ses mâchoires. On savait qu'elle n'avait pas chassé avec honneur et ne souhaitait de ce fait pas prolonger le scandale.

- Tu parles sans savoir. Mais tu as raison, il n'y a aucun honneur à tuer ce.... truc.

Le «truc» gisait toujours au sol comme un goret qui avait attendu d'être étripé. Truc et tête de turc, il avait été la risée de tous, mais au moins... il vivait. Comble du déshonneur pour sa race, mais comble du bonheur pour lui. Zahr-Of se relevait alors que la petite troupe se dispersait. Quel que fut ce preux Yautja venu le sauver, on ne voulait pas se savoir aperçu auprès de lui.
Apparemment moins con que ses congénères, il avait amené le fils de Smeern-Of jusqu'à chez lui, une propriété excentrée de la métropole, située en haut sur un arpent rocheux où deux vaisseaux jouxtaient sa demeure, ancienne. Là-bas, Zahr-of s'était vu gratifié d'un onguent pour ses légères blessures au front alors que les lames de Voâ-Of avaient frôlé son visage. Schtrut-Of - son sauveur - l'avait alors longuement instruit de la noblesse de la chasse et de la nécessité de faire les choses bien plutôt que de manière tapageuse. Que chacun y allait de sa méthode pour obtenir sa proie.
Zahr-Of ne l'écoutait qu'à moitié, triturant l'arsenal pendu au mur de la pièce dans laquelle il avait été invité à boire un verre.

- ....la manière dont elle a agi... les femmes ne devraient pas avoir le droit de chasser.

Le Yautja potelé s'équipa d'un masque thermique.

- D'ailleurs, on n'a pas besoin d'elles dans nos chasses, elles ôtent tout le plaisir quand elles sont là.

Masque de fer sur son épaisse trogne, il l'activa et se retourna, Shtrut-Of parlait toujours. Il lui semblait que sa voix s'approchait.

- Après tout.... on sait très bien se gérer.... entre hommes.

Il était près. Très près. Le dispositif visuel activé, Zahr-Of put alors distinguer comme une turgescence thermique en un endroit bien précis chez son hôte. La lueur s'intensifiait et croissait.
L'épaisse main de Shtrut-of s'était posée sur l'épaule de sa malheureuse proie. Effectivement, chacun avait sa manière de chasser et surtout, chacun avait sa propre idée de ce qu'était un trophée bien mérité. Et ce n'était pas après la tête de son invité qu'en avait son délicat sauveur, pas dans l'immédiat en tout cas. Zahr-of comprît - trop tard - pourquoi personne n'aimait être aperçu en la compagnie de son gentil et désintéressé bienfaiteur qui le plaquait contre le mur.

- Toi aussi tu veux de l'honneur, hein mon trophée ?! M'en vais t'honorer, moi. Souffle par le nez et pense à la gloire de Yautjara.

Assez corpulent - et là était sa chance - le Yautja failli, bien que niais, avait de la force à revendre et parvint à se défaire de l'emprise exercée sur lui, courant à petits pas, ridicule, pour se retrouver dehors.

- T'as raison ! C'est meilleur quand on prend la peine de traquer son gibier avant !

Mais Zahr-Of ne jouait pas, il courait pour sa vie et surtout celle de son oignon. Désespéré il se jeta sur le premier vaisseau pour une personne et le programma à la hâte. «Achéria» lui proposait-on ? Ce serait toujours mieux qu'ici. Shtrut-Of l'avait rattrapé.

- Pas besoin de t'envoler, je vais te faire décoller jusqu'au septième ciel.

Il y eut rixe disgracieuse et, à terme, après moult agitations, Zahr-Of chuta de l'appareil dont le cockpit se referma sur son propriétaire, resté captif. Le décollage automatique se lança aussitôt. Achéria-les-bains (d'acide) en aller simple, parti non seulement désarmé mais pas même habillé, Shtrut-Of allait ravir les estomacs de bien des créatures douteuses d'ici à ce qu'il n'arrive.

Il allait falloir se justifier d'avoir fait disparaître un membre de son clan et, n'étant pas fils de matriarche, le goret masqué se voyait mal plaider sa cause devant un tribunal. Alors.... puisqu'il restait un vaisseau.... on disait que sur terre à cette époque, le climat y était propice. Propice à quoi ? Peu importait ; tout climat autre que celui de Yautjara à cet instant précis ne pouvait être que meilleur.

Jojo

Jojo

- Vin diou ! S'écria Serge.

«Vin Diou» en effet. Une grosse comète venait de lui passer sous le nez alors qu'il roulait de nuit en compagnie de sa femme. Ils étaient de retour d'une visite rendue à leur fille qui, depuis longtemps, avait déserté sa campagne natale.
L'étoile filante passée devant eux s'était embrasée et avait quitté le giron du ciel pour mieux faire connaissance avec cette terre grasse sur laquelle elle venait s'écraser. Le point de chute s'était fait dans un champ avoisinant. Pilant au beau milieu de la route - personne ne roulait jamais sur la départementale 48 à cette heure de la nuit - le Serge avait observé les dégâts et comptait bien sermonner les petits plaisantins qui avaient pu commettre la sottise de saloper la terre d'autrui. On ne rigolait pas avec ces choses là.

- Ça, ma Jeannette, c'est pas un pigeon qui l'a chié. S'était-il cru malin de dire à sa femme sur un ton furieux.

La Jeannette - Jeanne de son vrai nom - resta dans le véhicule. Comme son rôle d'épouse le lui commandait, elle essaya de ramener son crétin de bonhomme à la raison alors qu'il venait de sortir de la voiture furibard. Elle le voyait déjà retrousser ses manches et s'empressa alors d'ouvrir la vitre avec la manivelle qu'elle peinait à faire tourner à cause de son arthrite.

- Sergio ! Fais pas le con que j'te dis ! C'est sûrement un de ces Big Bang ou un Chemtrails dont on parle sur le ternet !

Mais le Serge était pas homme à se démonter. Il avait sa fierté de paysan et n'aimait pas les vandales. Peu lui importait s'ils venaient dans son coin en vaisseau spatial ou en scotère, un petit con était un petit con et la branlée était le seul remède à sa condition.

- Les bougres e'd salopiot ! Ah bah elle foutue la récolte e'd bett'rave du Olive, foutue ! Marmonnait-il au fur et à mesure qu'il approchait du point d'impact autour duquel les débris en flamme garnissaient maintenant le champ devasté. Ça j'te l'dis la mè ! Ajouta-t-il en gueulant en direction de sa rombière à lunettes, c'encore les bougnoules de Porecourt qu'on fait le coup. Mais si que j'te dis ! Y'a qu'eux pour faire ça.

L'habitacle de l'engin s'ouvrit et Serge ne se démonta pour autant. Il avait déjà été au Japon et avait vu des toilettes parlantes avec plus de cinquante programmes de chasse d'eau différentes ; la technologie ne l'impressionnait plus depuis. Bras croisés, il attendit que le «chauffard» ne sortit de son cockpit encore fumant d'avoir traversé si rapidement l'atmosphère.

Dans la nuit, derrière la fumée et au milieu des quelques flammèches qui crépitaient autour d'eux, une immense silhouette se dressa. On eut dit qu'elle avoisinait les trois mètres de haut. Quand la lumière permis de mieux distinguer la créature qui se révélait, on aperçut alors un immense bipède aux muscles saillants, habillé de parures tribales et barbares, son masque d'acier entouré de dreadlocks si lisses qu'on aurait dit qu'il s'agissait de plastique.
Le Serge avait beau être trapu et avoir même remporté le concours de bras de fer de son village il y a deux ans malgré ses soixante-sept ans bien tassés, il n'en mena pas large maintenant que se révélait devant lui pareille créature.

- Dieu de Dieu ! S'écria-t-il en se couvrant la bouche de sa main droite. Un migrant !

Jojo

Jojo

- Vin diou ! S'écria Serge.

«Vin Diou» en effet. Une grosse comète venait de lui passer sous le nez alors qu'il roulait de nuit en compagnie de sa femme. Ils étaient de retour d'une visite rendue à leur fille qui, depuis longtemps, avait déserté sa campagne natale.
L'étoile filante passée devant eux s'était embrasée et avait quitté le giron du ciel pour mieux faire connaissance avec cette terre grasse sur laquelle elle venait s'écraser. Le point de chute s'était fait dans un champ avoisinant. Pilant au beau milieu de la route - personne ne roulait jamais sur la départementale 48 à cette heure de la nuit - le Serge avait observé les dégâts et comptait bien sermonner les petits plaisantins qui avaient pu commettre la sottise de saloper la terre d'autrui. On ne rigolait pas avec ces choses là.

- Ça, ma Jeannette, c'est pas un pigeon qui l'a chié. S'était-il cru malin de dire à sa femme sur un ton furieux.

La Jeannette - Jeanne de son vrai nom - resta dans le véhicule. Comme son rôle d'épouse le lui commandait, elle essaya de ramener son crétin de bonhomme à la raison alors qu'il venait de sortir de la voiture furibard. Elle le voyait déjà retrousser ses manches et s'empressa alors d'ouvrir la vitre avec la manivelle qu'elle peinait à faire tourner à cause de son arthrite.

- Sergio ! Fais pas le con que j'te dis ! C'est sûrement un de ces Big Bang ou un Chemtrails dont on parle sur le ternet !

Mais le Serge était pas homme à se démonter. Il avait sa fierté de paysan et n'aimait pas les vandales. Peu lui importait s'ils venaient dans son coin en vaisseau spatial ou en scotère, un petit con était un petit con et la branlée était le seul remède à sa condition.

- Les bougres e'd salopiot ! Ah bah elle foutue la récolte e'd bett'rave du Olive, foutue ! Marmonnait-il au fur et à mesure qu'il approchait du point d'impact autour duquel les débris en flamme garnissaient maintenant le champ devasté. Ça j'te l'dis la mè ! Ajouta-t-il en gueulant en direction de sa rombière à lunettes, c'encore les bougnoules de Porecourt qu'on fait le coup. Mais si que j'te dis ! Y'a qu'eux pour faire ça.

L'habitacle de l'engin s'ouvrit et Serge ne se démonta pour autant. Il avait déjà été au Japon et avait vu des toilettes parlantes avec plus de cinquante programmes de chasse d'eau différentes ; la technologie ne l'impressionnait plus depuis. Bras croisés, il attendit que le «chauffard» ne sortit de son cockpit encore fumant d'avoir traversé si rapidement l'atmosphère.

Dans la nuit, derrière la fumée et au milieu des quelques flammèches qui crépitaient autour d'eux, une immense silhouette se dressa. On eut dit qu'elle avoisinait les trois mètres de haut. Quand la lumière permis de mieux distinguer la créature qui se révélait, on aperçut alors un immense bipède aux muscles saillants, habillé de parures tribales et barbares, son masque d'acier entouré de dreadlocks si lisses qu'on aurait dit qu'il s'agissait de plastique.
Le Serge avait beau être trapu et avoir même remporté le concours de bras de fer de son village il y a deux ans malgré ses soixante-sept ans bien tassés, il n'en mena pas large maintenant que se révélait devant lui pareille créature.

- Dieu de Dieu ! S'écria-t-il en se couvrant la bouche de sa main droite. Un migrant !

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