Predalia's Hive

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Il avait pourtant mis un masque

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1Il avait pourtant mis un masque Empty Il avait pourtant mis un masque Dim 2 Aoû - 22:29

Jojo

Jojo

Préambule

Des tirs de barrage. C'est avec ça qu'on accueillait la canaille. La canaille, c'était tout ce qui marchait sur deux pattes et avait faim à cette heure-ci. Pour l'instant encore, on tirait en l'air. Tout cela ne durerait qu'un temps.

Nous étions sur YT-W40, lune colonisée de fraîche date. Ici tout était à faire et même à refaire. Quelque chose avait cafouillé au regard des installations. «Cafouillé», c'était un euphémisme pour ne pas dire autre chose de moins plaisant. Quelque chose que les autorités militaires auront jeté à travers la gorge des responsables du complexe scientifique de niveau IV chargé de prêter assistance à la colonie. Beaucoup avait été espéré d'eux et ils avaient rendu plus qu'on n'avait exigé d'eux. Leur mission était simple pour eux qui, disait-on, étaient des professionnels aguerris. Quelques malheureux insectes à plus gros qu'un pépin de raisin s'incrustaient occasionnellement dans les gaines d'aérations montées à la hâte par l'équipée coloniale. Cela avait d'inconvenant qu'une aération entravée sur une lune sans oxygène pouvait être à l'origine de quelques décès prématurés pour ne pas dire d'un quasi génocide. Alors, l'administration coloniale avait posé les deux genoux à terre et s'était humilié devant la sainte science, réponse à toutes les prières d'hommes qui avaient renié Dieu à force de confort. La science, elle devait faire dans la destruction de nuisible. Les Pingolans, c'est ainsi qu'avaient été nommées les futures victimes. On avait œuvré à la confection d'un virus et il avait évidemment fonctionné. Peut-être au-delà des espérances de la plèbe chez qui avait - elle aussi - fini par être infectée.

Bagatelle que ce virus en réalité. Des quintes de toux violentes, de la fièvre ; une grippe à peine plus virulente que celle qu'on lui connaissait habituellement. Mais c'était sans compter sur l'expertise de l'administration de YT-W40. Ils n'avaient pas été foutus de monter les structures attendues d'eux en un an, mais ils s'imaginaient mettre fin à une «pandémie» au prétexte que quelques vieux travailleurs, souvent gras et flasques, avaient succombé à la grippe. À ça ou peut-être même à autre chose ; les méthodes de comptabilité des colons étaient à la mesure de la splendeur avec laquelle ils amassaient la tôle pour ne rien en faire depuis deux ans maintenant. L'excès de zèle, c'est à ça qu'ont tenu les coups de feu qui s'ensuivirent plus tard.

De leur propre chef, les colonisateurs avaient exigé d'être mis en quarantaine. Rien ne rentre, rien ne sort. Riche idée si idée il y avait eu et non pas réaction irrationnelle et compulsive. Riche idée car, sur YT-W40, n'y poussaient que des minerais. On y trouvait jadis quelques petites créatures qui s'en nourrissaient mais... une épidémie les avait décimé.
Manifestement incapables de comprendre le principe du rationnement dans une colonie aux ressources limitées, les administrateurs avaient - par pure panique - condamné l'ensemble de la colonie. Ailleurs, à entendre leurs jérémiades, on aurait juré qu'une peste nouvelle était née sur leurs terres. Tous avaient par avance fait une croix sur cette lune et n'y auraient amené des secours pour rien au monde. Voilà pour l'excès de zèle.

Bien entendu, la masse humaine de quelques milliers d'âme avait plus d'estomac que de cervelle et, acceptant leur confinement, ils signèrent de ce fait leur arrêt de mort. Les émeutes se multipliaient, dernières convulsions précédant une disette qui ne connaîtrait aucune issue. Les forces armées étaient en pleine débandade, d'administration, il n'en était bien plus question. D'hommes, il n'en restait plus nom plus. Plutôt des sacs de protéines. En vérité, il ne s'écoula pas une semaine d'ici à ce que les premiers cas de cannibalisme furent recensés. Sur YT-W40, on mourait de tout. On se faisait trouer la peau, piétiner dans les émeutes, parfois dévorer vivant mais au moins... plus personne ne mourait de la grippe. Si tant est que quelqu'un en fut réellement mort.

Quelques fouineurs avaient - en quête de charogne ou d'autre chose - fouillé tout ce qui pouvait être retourné. Fut-il protégé par un sas nécessitant un code. Mais quand on a faim, on a trop d'astuce pour se limiter à ces modestes barrières. Alors on crochète la serrure informatique à l'aide de doigts habiles motivés par un estomac grognard et on entre. Le plat du jour qui y était conservé n'avait rien de bien ragoutant. Pas pour quelqu'un qui avait fait un repas complet récemment. Car cet œuf - et c'en était un - alors dé-cryogénisé - parut bien appétissant au petit groupe de téméraires venus en faire bombance. Même à s'ouvrir, empêtré dans sa visquosité bien écœurante, il le faisait envie. Ils se penchèrent pour en savourer le contenu, d'abord en le reniflant. Les fragrances étaient pestilentielles mais le mot «comestible» avait-il encore une signification pour qui avait faim ? Des trois, ce fut au plus gourmand, au plus pressé de sentir son repas sur qui on jeta son dévolu. «On», avait huit pattes et celles-ci s'accrochèrent à la face de ce glouton trop impatient tandis qu'un long flagelle se nouait autour de son cou, presque affectueusement. Quelle que fut la créature, elle avait bondi sans prévenir, fugace, habile et, elle aussi impatiente. Un autre appendice titilla le pillard alors qu'une protubérance épaisse et aussi visqueuse que le reste ne se força à lui. Ses lèvres avaient pourtant été scellées et protégées derrière un masque chirurgical censé le prémunir des maladies. Pas de celle-ci en tout cas. L'organe s'imposa à sa bouche qui s'ouvrir à force comme résignée pour le recevoir. Il s'introduisait alors sinueusement, glissant plus qu'il ne perforait, emplissant délicatement sa mâchoire jusqu'à même cogner contre sa gorge un temps ; le temps que celle-ci ne se dilate - résiliente - pour l'accueillir plus profondément dans l'œsophage. La victime n'avait pas tant résisté, cela s'était presque fait naturellement, comme si la nature le lui avait commandé. Elle était bien cruelle la nature. Pas moins que les compagnons du bougre qui eux, s'empressèrent d'abandonner leur camarade à son sort peu envieux.

Mais son sort, peut-être avait-il été plus bénéfique qu'il n'y paraissait. S'insinuant plus profondément en lui, l'appendice se répandit en lui, le nourrissant d'un met copieux avant de se rétracter et de quitter torse, gorge et bouche, comblé. Comblé jusqu'à la mort alors que la sinistre araignée de chair s'était recroquevillée, sa queue dénouée du cou de ce partenaire d'un soir. Combien de temps avait-il dormi ? Violé, mais quelque part repus, il s'était relevé hagard, ne comprenant pas à quoi il devait une issue si invraisemblable. Il toussait quelques heures après encore. «Ce foutu virus» pensa-t-il. Celui qui ne tuait que les faibles et les impotents lui faisait peur, un gaillard de son envergure colossale. Il n'empêchait qu'il toussait. Les quintes de toux se rapprochaient sans discontinuer, il en aurait perdu le souffle si avant cela, son poitrail ne s'était pas ouvert en deux comme pour dévoiler au monde un citoyen d'honneur. C'était pas une grippe. Dedans, sa progéniture honteuse rognait ses chairs et brisait ses os pour se dépêtrer de l'amas fouillis de masse organique non-désirable. Le pillard - ce qu'il en restait - vécut encore treize longues secondes d'ici à ce qu'il n'expira enfin. Lui se vit partir comme il observa la créature lui échapper et fuser dans le sang et la salive pour se frayer un passage. Jusqu'où ? Mais jusque là où il trouverait de quoi le satisfaire. Et lui, le xénomorphe, se satisfaisait de bien peu de choses.

Des bienfaits du confinement

- Laisse-tomber Judith. Papa a verrouillé la sortie, on est piégé comme des rats.

Des larmes de colères roulèrent le long des joues rouges et brûlantes de la petite fille. Sortir de chez elle était devenue un caprice, celui d'une enfant de cinq ans. Les autres - à commencer par son frère - s'y étaient résignés. Ils devaient se protéger du virus quitte à mourir de faim et y laisser une partie de leur santé mentale car tel était la consigne sanitaire. Le père, Joras, un homme sévère mais qui se croyait juste avait religieusement écouté les recommandations de l'administration. L'homme était un grand légaliste, persuadé que seul le meilleur ne pouvait surgir de la loi. Lui aurait-on intimé de s'insérer une sonde de trente centimètre de long pour dix de large par l'envers de son système digestif qu'il aurait instinctivement investi dans la vaseline afin de respecter les directives de l'administration. Cette même administration qui lui avait pourtant pourri la vie chaque jour que Dieu faisait, jusqu'à le rendre corvéable à merci. Suffisamment en tout cas pour qu'il s'imagine pertinent de rester cloîtrer chez soi jusqu'à ce qu'un virus dont la lethalité restait à prouver ne disparaisse par enchantement.

- Enfin Judith, t'es pénible à la fin. Et quand je dis pénible... je m'entends.

On n'entendait de toute manière que lui. Il aimait parler. S'écouter parler surtout. Chose regrettable puisqu'il n'avait rien d'intéressant à dire. Ayant troqué son esprit critique et toute capacité de réflexion pour un plat de lentilles servi chaque jour par un complexe administratif qui avait passé sa vie à l'exploiter, il se faisait fièrement porte-voix de ses maîtres à répéter leurs directives en boucle. Ses maîtres, ils l'avaient oublié lui et les autres dès que leur estomac fut en jeu. Mais cela, il l'ignorait, car il était confiné.
Il s'était alors saisi de sa fille sous le bras, la portant presque comme un colis pour la ramener dans la salle de séjour. On y végétait plus qu'on y séjournait. Calix, enfant jadis jovial jusqu'à ce qu'on décide pour lui que l'internement et la famine valait mieux qu'une fièvre, restait assis par terre à faire rouler son jouet. Il faisait ça durant des heures, les mêmes allers et retours compulsifs. Il ne jouait pas tant qu'il était devenu un automate. Ses joues creusées attestaient de sa fatigue physique et ses cernes soulignaient ce qui avait bien pu advenir de son état mental. Il était - comme l'avait requis l'administration - devenu un citoyen résilient. Ne plus penser, ne plus espérer, ne plus choisir, telle était la voie tracée pour eux par des gens qui ne les connaissaient pas mais savaient mieux qu'eux ce qui était meilleur pour leur famille. Et cette famille avait acquiescé. Le père surtout. Jilèn, son épouse, n'avait pas forcé son autorité. Il était trop tard maintenant qu'elle faiblissait pour faire volte-face. Elle aussi était devenue résiliente alors qu'elle avait compris qu'elle verrait ses enfants de cinq et sept ans mourir de faim devant ses yeux avant d'expirer elle-même. De cet amer constat, elle n'en ressortait pas même attristée. Quelque part morte en dedans, elle avait accepté son sort. Elle aussi était une bonne citoyenne.

- Que diriez-vous de quelques charades ? Hein ? C'est marrant, ça, les charades.

On ne répondit pas au pater familias. Tous dans cette maison renonçaient à lui adresser la parole. Lui répondre, c'était engager la conversation, lui parler, c'était risquer d'en venir aux mains. Et à quoi bon ?
Un instant, il chercha à se réconcilier avec sa fille en insistant auprès d'elle, mais elle n'était plus là. Ou plutôt si. Il eut l'occasion de la voir furtivement tractée par une immense queue noire s'étant nouée autour d'elle pour la tracter dans la gaine d'aération du domicile. Judith n'avait pas crié. Pas même sa force mentale était encore suffisamment vaillante pour seulement l'aider à mesurer la situation dans laquelle elle s'était pesée. Bonne citoyenne comme tout sa famille, elle se complaisait dans la passivité et subissait maintenant sans opposer de résistance. La pénombre empêchait d'y voir clair en contre-jour, mais la créature qui avait ainsi subtilisé l'enfant était gigantesque et pourtant, on ne l'avait pas entendue faire vibrer les conduits dans lesquels elle se mouvait. Ou si peu qu'on eut pris ça pour une secousse d'air.

- JUDITH !

Ravivée par l'instinct maternel endormi par la pesanteur d'une administration lourde et stupide à laquelle elle avait succombé, Jilèn hurla plus terrifiée par la perte de son enfant que par l'apparence hideuse de ce qui était sorti de l'ombre pour la lui ôter et s'enfuit. Elle criait, elle pleurait et elle revenait ainsi à la vie. Elle pleurait davantage qu'elle revenait à elle et voyait ce qu'elle était devenue, une mère qui, par renoncement, avait en un sens abandonné sa fille.

- NAAAAAN ! PAS MA JUDITH ! TOUT MAIS PAS ÇA ! NOOOON !

À genoux, trop faible pour se relever elle tendit vainement le bras vers l'ouverture de l'aération où plus rien n'y sommeillait à présent. Joras était resté debout, tétanisé comme le lâche qu'il était. Il n'avait pas su dire nom à quelques emmanchés qui parlaient de ce qu'ils ne connaissaient même pas, que pouvait-il faire face à ce qui lui était apparu comme le résidu même des enfers. Mais il devait se ressaisir. Il le devait car il était une autorité sur laquelle tout le monde comptait dans cette maison. Tout du moins le croyait-il.

- Ç...ça je te le dis comme je le vois, c'est la faute du virus que je te dis...

Non. Il n'en démordait pas. Incapable de réagir proprement à n'importe quelle situation d'urgence, il avait préféré - une fois de plus - se complaire dans des explications stupides que le premier scribouillard aurait pu écrire sans avoir aucune idée de ce qu'il était en train de rédiger. On lui avait chié dans la tête et chaque parole qu'il expectorait n'était qu'une diarrhée verbale de connerie implémentée dans son crâne à raison de plusieurs hectolitres.
Mais Jilèn ne l'écoutait pas.

- RENDS-MOI MA FILLE !

La faute au virus

Réveillée depuis quelques minutes à peine, Judith n'ouvrit les yeux qu'à moitié. Revenue à elle après le choc, elle se retrouvait au beau milieu d'un des immenses couloirs d'air franchissant les habitations de la colonie. Un homme adulte pouvait s'y trouver debout et y marcher aisément. Il n'y faisait pas frais et l'oxygène qui y circulait n'avait vocation qu'à faire respirer et pas à rafraîchir. L'air y était lourd malgré un souffle abondant dont le parcours sonnait comme un long soupir d'angoisse qui ne finissait jamais.
Angoissée, elle l'était alors qu'elle reprenait conscience sans bouger le moindre muscle. Assis à deux mètres d'elle, la créature qui l'avait enlevée sans qu'elle ne réagisse était là, assise. Pensive. On l'aurait cru en tout cas. Quoi que ce fut, c'était à l'arrêt. Apparemment tourmenté, quoi que les apparences ne voulaient pas dire grand chose avec pareil spécimen, le monstre noir et anguleux semblait presque pester. Judith l'ignorait, mais c'était une grosse fourmi qu'elle avait devant elle. Une fourmi qu'on avait éloigné de sa colonie pour on ne sait quel dessein. Or, une fourmi sans reine à servir n'était rien et rien que ce qu'elle fut susceptible d'accomplir ne pouvait avoir de sens. Mais c'était une fourmi née d'un homme. En dernier recours et en l'absence de signaux proches de son espèce, elle pouvait substituer à son instinct grégaire un relent d'individualité. Maintenant homme - et si peu - il tournait en rond sans trop savoir à quoi la génétique le prédisposait. L'instinct lui avait ordonné de capturer en vie un hôte, mais à quelle fin ? Des signaux de ses congénères auraient pu lui remettre les idées en place, mais l'organisme improbable ne savait plus situer à cet instant s'il était homme ou fourmi. Il n'avait pas faim, il n'avait pas soif, il ne savait pas quoi faire et, pour peu qu'il eut été capable d'écouter ce que lui aurait dit l'administration, peut-être lui aussi serait-il devenu un de ces citoyens modèles mous et apathiques attendant la mort en feignant de la craindre. Quelque chose devait conditionner la bête, quelque chose d'extérieure à elle. Elle se tourna alors vers sa proie d'alors dont elle ne savait que faire. Sa mâchoire qu'on aurait juré d'acier trempé écumait à pleines gouttes sirupeuses et odorantes. Restait à s'approcher de l'enfant, suggérer chez elle une quelconque réaction susceptible de le conditionner en retour.

Le golgoth difforme s'approcha, son système nerveux lui criant que l'organisme ainsi couché était réveillé. On ne trompait pas un organisme comme le xénomorphe. Judith continuait de faire semblant de dormir, tremblante, les larmes coulant le long de ses joues, dents serrées en espérant que ce monstre indescriptible l'ignorerait. Mais elle approchait cette créature. À pas feutrés malgré sa dégaine imposante et menaçante, elle approchait quand elle se renfrogna. Ce bruit, il s'était agit des gargouillis de l'enfant, trahie par un appétit qui n'avait pas été rassasié depuis long. Il s'en était fallu d'un bête petit stimulus pour que l'organisme improbable ne se sente investit d'une mission biologique. Ses circuits neuronaux s'étaient réorganisée. En un sens.
Sa race ne vivant que pour nourrir la reine, comprendre que son rôle était de nourrir autrui l'amena à considérer que la reine était devant elle. Ainsi son instinct revenait à lui, de manière autrement plus vicié.
Glissant vivement et furtivement comme un épais lézard silencieux dont l'ombre trahissait toutefois la carrure, le nourricier retourna de là où il était venu.

Retour au bercail

- Ji... Jilèn a... arrête ! Arrête !

Elle aurait tué son mari si elle en avait eu la force, se confondant en une série de coups de poing sans impact ni effet qui suggérer chez lui l'inconvénient plus que la douleur. Ce mari qu'elle avait cru aimer sur un coup de foudre adolescent se révélait plus minable qu'il ne l'avait jamais été. Cela lui apparaissait si clair maintenant que les circonstances l'avaient mis à l'épreuve.

- Je.. je peux parler ? Je peux parler ? Demanda l'effronté avec un air presque impertinent et indigné. Je vais aller voir les forces de police et on va tirer tout ça au clair et demai...

- MAIS SOIS UN HOMME ! VA LA CHERCHER !

Eut-il été un homme ou même dix que cela ne l'aurait pas plus aidé. Sa pusillanimité garantissait son instinct de survie alors qu'il savait que s'il prenait ce risque, sa vie s'arrêterait aussitôt. Derrière eux, Calix continuait ses mouvements répétitifs avec son jouet, fermé nerveusement, ses gros yeux globuleux trahissant la peur qu'il ne pouvait même plus exprimer.

- Sois raisonnable écoute... elle... elle est peut-être contagieuse.

La baffe qu'il reçut lui fait réellement mal. Jilèn en étant tombé à la renverse après un pareil coup ayant requis ses dernières forces. Elle haletait, reprenait son souffle mais pas esprit puis rit. Elle rit aux éclats. Quelque chose de nerveux avait craqué en elle et, Joras la contemplait, impuissant, désabusé, dépassé par des événements que sa maigre cervelle ne pouvait tout simplement pas concevoir.

- On.. on va tous crever de toute manière. Mais... mais au moins... tu partiras le premier.

Et elle se perdit dans une nouvelle série de rires stridents et hystériques.

- Qu'est-ce que tu racontes enfin, tout va s'arranger si on garde son calme et que l'on respecte les distances de sécKknuuUuUrGHhh

Jilène riait encore - et de plus belle - quand le xénomorphe qu'elle avait vu descendre derrière son mari, empala ce dernier de son immense queue tranchante et acérée, le décollant même du sol, sifflant à ses oreilles ses cris aigus et stridents témoignant de son hostilité naturelle. Et Jilèn, toujours, riait. Calix lui, ne discontinuait pas de ses mouvements machinaux, dos tourné à une scène qui ne l'inquiétait même plus. Mais son appendice retiré des lombaires qu'il venait de trancher, le monstre fila jusqu'à l'enfant avec des intentions non moins hostiles. Alors, Jilèn ne répondit plus. La nature révélait parfois les réflexes insoupçonnés d'une mère quand celle-ci bravait les pires dangers au détriment de sa vie pour protéger sa progéniture. Même chez l'humain, l'instinct était puissant, plus encore que celui de ce xénomorphe dysfonctionnel qui cherchait apparemment à enfiler les cadavres. Il fut surpris de voir cette mère se jeter sur son enfant pour le couvrir, l'entourer, le protéger vainement d'un prédateur bien plus gros, un contre lequel elle n'aurait eu aucune chance.

- Tu... tu t'approches pas de lui sa... saloperie.

Hésitant presque un instant, comme menacé par le regard de cette mère rendue folle par la paraphrénie collective d'une masse humaine abrutie et craintive, la créature, après un pas en arrière, pris appui sur ce dernier pour fondre sur ces deux organismes négligeables qui n'auraient de toute manière pu lui opposer aucune résistance. Calix ne cria pas alors que griffes et mâchoires le perforèrent de part en part, sa mère en revanche, lutta longuement contre l'assaut brutal qui la déchiquetait jusqu'à n'en laisser qu'un amas de chair sanguinolente que rien ni personne n'aurait même su identifier.

Le calme était revenu. La bête parut réfléchir un instant. Il lui avait semblé avoir appris quelque chose qu'elle n'aurait jamais su exprimer. Pas par le verbe qui lui faisait défaut.

Le tendresse d'une mère


Judith avait entendu jusqu'au moindre cri. Ils avaient résonné le long du conduit dont la gaine d'aération avait été maintenue ouverte le temps du massacre et, il lui semblait maintenant entendre les discrets bruits de pas résonner contre la paroi métallique. Ils se rapprochaient inéluctablement et elle ferma les yeux. Elle aussi allait mourir et, elle ne voulait pas se voir partir. Ses paupières avaient été fermées avec tant d'insistance que tous les muscles de son visage avaient été mis à contribution pour les clore.
La créature vint à elle. Elle n'était qu'une ombre de plus dans l'obscurité ambiante. Menaçante, planante, agile, elle feulait à tout instant pour communiquer ou menacer, personne n'aurait su dire. Puis elle déposa quelques denrées devant l'enfant. Celle-ci, curieuse, ouvrir un œil. Cette viande qui parsemait le sol du conduit dans lequel elle se trouvait, elle savait d'où elle venait et retenait sa respiration pour ne pas crier. Penchée sur elle, la créature persiflait avec insistance tant et si bien que Judith comprit. Elle comprit ce qu'elle avait à faire pour rester en vie et, les larmes coulant une fois de plus, elle prit une bouchée du bord des lèvres de cette viande infâme qu'on lui avait servie. Presque tendrement - mais toujours menaçant malgré lui - le xénomorphe s'enroula autour d'elle pour lui témoigner d'un sentiment habituellement inconnu de son espèce : de l'affection. Se serrant doucement autour de l'enfant qui, les yeux fixés devant elle, terrifiée, continuait à mordre en retenant ses déglutitions, en proie à la plus insigne terreur, l'Alien la couvrait, l'entourait et la protégeait vainement car aucune menace n'était à répertorier. L'amour d'une mère s'exprimait auprès de cette enfant qu'elle nourrissait de la chair de sa propre famille. Quelle belle reine elle ferait.

[Me suis pas relu, trop tard pour ça]

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